J’ai rencontré Bruno Aveillan, le photographe, il y a une dizaine d’années. C’était lors d’un apéro chez Jean-Baptiste Danet, mon meilleur ami, qui nous a quitté il y a quelques jours. Je dis Bruno le photographe car son métier premier, sa gloire internationale, il la doit à sa carrière de réalisateur.
Une Peugeot qui transperce la mer en créant des vagues félines, c’est lui, un palais Indien qui sort de terre pour Natalia Vodianova, c’est lui aussi, en commande pour Guerlain. Une panthère qui part de la place Vendôme et traverse un monde fantastique dans un clip publicitaire de 3 minutes 30 pour Cartier, c’est Bruno Aveillan. A l’époque, ce film, le plus cher de l’histoire, fut révélé en prime time sur TF1 un dimanche soir, entre le journal et le grand film hebdomadaire.
Et puis le sublime documentaire d’Arte, sur le centenaire de Rodin (« Les Portes de l’Enfer »), une création magistrale de ce réalisateur ultra talentueux, le plus doué de sa génération. Toute la vie du sculpteur dans l’œil de Bruno, une prouesse narrative et technique. Essayez de le trouver ! Il y a quelques années, Bruno me disait : « Je suis régulièrement approché par des producteurs hollywoodiens pour réaliser des longs métrages, mais un film d’Hollywood, c’est deux ans de ta vie, et je ne peux pas rester loin de mes clients pendant si longtemps. »
Ses films lui permettent de traverser le monde et offrent à ses yeux des merveilles à photographier. Car sa deuxième passion, c’est la photographie, qu’il traite avec la même poésie et la même technicité que ses films. Son travail photographique, c’est la suggestion, l’imagination, le flou artistique, qui va vous permettre de voyager grâce à une image, qui vous emmène à l’autre bout du monde ou de votre imaginaire, dans une esthétique des plus prenantes.
Dans l’exposition « Vu de ma fenêtre », nous montrons quelques images issues de ces voyages et deux nouvelles séries totalement inédites « At The Edge of the Green Void » et « Complex Fluidity ». La première est une recherche photographique sur la flore quand la seconde explore les complexités de l’eau. Splendide et environnemental.
Arnaud Adida Director